Avec la Compagnie Les ombres portées, le théâtre d’ombres à de beaux jours devant lui ! La dernière production du collectif est une petite merveille visuelle et musicale où il est question de liberté, de résistance mais aussi d’évasion – dans tous les sens du terme.
Au petit matin, le cirque Natchav arrive dans le centre-ville. Les caravanes s’installent, le chapiteau est en train d’être monté, les artistes paradent pour avertir de leur venue. Mais cela n’est pas du goût des autorités. Les circassiens résistent. Bientôt l’un d’entre eux est arrêté et c’est tout un monde qu’on emprisonne.
Sur scène, le spectacle se fabrique à vue : quatre marionnettistes accompagnés de deux musicien·nes bruiteur·ses poly-instrumentistes se lancent dans une partition fascinante de gestes millimétrés. Sous nos yeux, ils et elles mettent en lumière une quantité de petites figurines et de décors ciselés avec grande minutie. Les lampes de poche manipulées avec précision font apparaître d’immenses ombres portées qui se déploient sur grand écran. À la manière d’un film monté en direct, la compagnie déploie des astuces d’une inventivité sans pareille pour jouer des travellings, zooms, champs-contrechamps, et propose un théâtre d’ombres particulièrement novateur.
Natchav, qui signifie « s’en aller, s’enfuir » en langue romani, raconte sans le moindre mot la rencontre de deux univers fondamentalement opposés et en marge de la société, celui du cirque nomade et celui de la prison. Cette fresque visuelle et sonore éblouissante fait le pari d’une écriture poétique, entre réalisme et onirisme, pour célébrer la liberté. À voir absolument !